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L’Essaillon
« Entre la Tourre et lou Crapoun,
I a moun païs, qu’ei Sederoun »
Alfred Bonnefoy-Debaïs

Etudier, préserver et faire connaître le Patrimoine Historique, Naturel et Culturel de Séderon et de sa Région

Séderon il y a 400 ans…1612
Article mis en ligne le 17 décembre 2015
dernière modification le 24 décembre 2015

par ANDRIANT Sandy-Pascal

Dans cette rubrique nous publions les transcriptions [1], effectuées par Hélène Rispal et Sandy Andriant, de certaines délibérations des registres consulaires de la communauté de Séderon. Ces délibérations, prises par le «  Conseil général de la communauté  », ancêtre de nos conseils municipaux où tous les chefs de famille du village débattaient avec les consuls, nous permettent de découvrir ce qui se passait dans notre village et comment il s’organisait voilà 400 ans…

Après avoir publié la première partie de l’année 1612 dans le Trepoun n° 52, il semble nécessaire de préciser certains termes et de revenir sur la gestion communale sous l’Ancien régime, en Provence…

En Provence, l’assemblée des particuliers, manants et chefs de maison se réunissait chaque année entre Noël et la nouvelle année pour élire deux nouveaux consuls dits consuls modernes en remplacement des précédents, dits consuls vieux (vieulx), des conseillers (conseilhers), un trésorier (thesorier), un greffier et un sergent ordinaire. Le tout sous l’autorité judiciaire du baille (bailhe) ou de son lieutenant (= celui qui tient lieu de). Cet ensemble d’élus formait le Conseilh General de la Communauté.

Une fois élu (esleu), le Conseilh, appelé par le sergent ordinaire, se réunit aussi souvent que nécessaire pour traicter des affaires commungz. Il n’y a pas de régularité imposée. Seules les nécessités commandent.

A cette époque, l’attribution des charges de boulanger (fournier), meunier (musnier), greffier, trésorier (thesorier), etc. se pratiquait «  à l’enchère à la chandelle  ». Après que le sergent ordinaire eut crié l’enchère de départ faite par le consul moderne, 3 chandelles étaient allumées successivement et le dernier surenchérisseur remportait le pacte (paiche) à «  l’estaint (= extinction) de la 3ᵉ chandelle  ».

Ces enchères se faisaient toujours «  au rabais  ». Nous dirions, dans notre jargon économique actuel, au «  moins disant  ».

La langue est mâtinée de provençal

  • Le pluriel des noms propres pour désigner deux frères ou le père et son fils : Mr Antoine et Guilhen Ricous, Denis et Jehan Bariers, Bertrand et Marc Chauvetz.
  • Certaines graphies seront «  officialisées  » par Mistral : conseilh, conseilher, bailhe, Guilhen, tailhe
  • Des tournures directement issues de la «  lengo nostro  » : «  Auquel conseilh sont estes presentz  », le français du Nord préférant la forme : «  Auquel conseilh ont estes presentz  »
  • Pour les prénoms, les 2 formes coexistent dans un même acte : Bastian (Bastien), Peyre (Pierre), Jaume (Jacques), Guilhen (Guillaume), Andrieu (André)…
  • D’autres n’ont pas d’équivalent : Elzias ou Aulzias, Suffren (qui doit être la forme ancienne de Siffrein, saint patron de Carpentras).
  • La paiche (patche) : lorsque vendeur et acheteur (les parties) tombent d’accord sur un prix, elles se tapent les mains devant témoins. Sorte de «  Tope-la  ».
  • On peut constater qu’un même nom peut changer dans une même délibération ou au gré de plusieurs d’entre elles : exemple du bailli (Beauchan, Granchan, Brauchand…) ou Bonefe / Bonefoy, Robaud / Roubaud, Dumond / Dumont…
  • Comme il y a 2 homonymes parfaits, il faut en distinguer les porteurs par un surnom : ainsi d’Anthoine Granchan «  Naudy  » et Anthoine Granchan «  Toty  ».
    Sandy-Pascal ANDRIANT