En Provence sud, on fait par tradition le baptême des maisons. C’est ainsi que j’ai fait ce poème pour donner un nom à ma maison. C’était la fête ce jour là et les joueurs de tambourin et de galoubet sont venus : nous avons chanté la Provence et bu un coup avec tous les amis.
Elle est venue un beau matinPour nicher dans le grand pin.Cela me plaisait beaucoupDe voir son va et vientUne vint, puis elles furent plus de vingtA voleter dans le jardin !Elles venaient à la volée, très nombreusesBecqueter mon grain, jamais fatiguées.Elle est revenue le lendemainSe poser dans ma mainJ’étais très fière ce jour-làJe croyais faire le tour.Le tour du pin et même du cielEn compagnie de mon oiseauJe disais : « Où es-tu petite fauvette ? »Soudain, elle arrivait à tire d’aile.Pourtant un triste jour d’été,En vain, j’ai appelé mon oiseau...Seule la pie moqueuseA répondu cruelle :« Tu ne le sais pas ? Elle est partie ta fauvetteVivre sa vie à grands coups d’ailes. »J’eus comme un tremblementLe coeur meurtri par le chagrin !« O, Bouscarleto »Ton souvenir vivra toujours !Si quelqu’un, un jour me dit :« Quel est le nom de ta maison ? »Je lui répondrai avec joie :« C’est la Bouscarlo ! » Et peut-êtreEn voyant cela, mon bel oiseauA tire d’aile reviendraPour écouter le mistral.Mais déjà aujourd’hui ma « Bouscarleto »Nous te remercions, gentille petite amie :Raymond, moi-même, mais aussi le chien,En dissipant notre chagrinTu nous as fait aimer l’immense CrauOù souffle le mistral.
Suzanne JOUVE